Douloureux souvenirs...

Issue d’une famille ayant, depuis des siècles, scellée un sombre pacte avec un clan de vampires sorciers, Gladys réussit, cependant, a fuir sa destinée. Sa famille bénéficiait grâce a eux d’une grande magie se manifestant sous forme d’un don spécifique a chacun, mais en contre partie, a chaque génération, les parents devaient se séparer de leur premier enfant. Nulle ne savait alors ce qu’advenaient de ces jeunes personnes…
Gladys trouva alors refuge dans un petit village perdu dans les montagnes. Son don à elle etait de se faire aimer de n’importe quel homme croisant son regard. Elle aurait pu faire de ces êtres des esclaves bien dociles à son service, mais elle préfèra la discrétion, terrée dans une petite taverne où elle y travailla comme serveuse. Des années durant, elle profita de cette vie, multipliant les aventures, sans prêter attention à la haine grandissante de la gente féminine du village.
Tout se passait bien pour elle, jusqu’au jour où elle constata que les hommes ne la regardaient plus comme avant. Sa compagnie n’était plus autant recherchée… Plus tard, elle réalisa qu’elle était enceinte. Maudit enfant ! C’est cette chose qui lui avait donc volé son pouvoir ?!! Les mois qui suivirent voyaient sa colère grandir au fur et a mesure que le bébé se développait dans son ventre. Au village, les tentions s’intensifièrent. Gladys n’etait qu’un démon succube au yeux de tous et un jours, tous décidèrent de la chasser. Son salut, elle le dut alors à l’intervention d’Aliénor, la doyenne, la sorcière protégeant la petite communauté. Depuis l’arrivée remarquée de Gladys, la vieille femme ne lui avait jamais témoigné la moindre attention. La future mère en resta alors perplexe, mais grâce à elle, personne ne chercha à s’en prendre à elle. Aliénor était une femme importante, ayant presque plus d’influence que le chef lui-même, et de loin, plus dangereuse. Ses pouvoirs, elle les tenait de la Lune dont elle était une fidèle servante.
Un soir où l’astre était absent du ciel, une voix la conduit à la porte de la maisonnette de Gladys. La sorcière aperçut de la lumière transparaître au travers des épais rideaux mais personne ne lui répondit. Elle décida de pousser la porte. Elle découvrit la jeune femme mettant au monde son enfant, seule, s’efforçant de ne pas faire le moindre bruit. Gladys ne voulait pas que cette naissance soit connue. La sorcière l’aida sans que le moindre mot ne soit échangé entre les deux femmes. Le nourrisson fut sorti du ventre de sa mère, sa peau d’une blancheur laiteuse, mais aucun son ne brisa le silence. L’enfant ne respirait pas, son cœur ne battait pas. Tandis que la vieille ressenti la douleur tiraillée son être, Gladys affichait un sourire de satisfaction. Cet enfant, mort, son pouvoir ne pouvait que lui revenir. Elle bénit silencieusement les dieux d’avoir exaucé ses prières. Comme si les divinités elles même avaient décidées de la contredire, la petite fille poussa son premier cri. Gladys pesta de toutes ses forces « Non ! Tu n’as pas le droit de vivre ! Je te l’interdis ! ». Aliénor lui annonça alors d’une voix chargée de colère « La Lune m’a conduite jusque ici pour accueillir cette enfant, et elle l’a bénie en lui rendant la vie. Regarde moi ! Ceci est ta fille. En me conduisant ici, la Déesse m’a choisie pour faire de moi sa marraine, son guide mais je ne peux remplacer sa mère. Voici sûrement ta seule et unique chance de racheter ta vie de débauche. Agis en femme et non plus en traînée !» La sorcière brandie le nourrisson au dessus d’elle et proclama solennellement « Je te donne le nom d’Aliénor pour marquer à jamais le lien que la Déesse à créé entre nous. »
Malgré les années et les recommandations de la sorcière, Gladys ne changea rien de ses habitudes et préféra cacher sa haine envers sa propre fille derrière un épais mur d’indifférence. La fillette grandit auprès d’Aliénor, la vieille qui lui apprit tout ce qu’elle savait du monde de la nuit, ses croyances, ses rituels, ses contes…
Aliénor, la jeune, était d’une grande douceur et d’une beauté angélique. Elle se devait d’être toujours la plus intelligente, la plus sage pour espérer l’amour des autres mais l’émergence de son don, vers l’age de 8 ans, ne fit que la plonger dans une solitude plus profonde. Elle découvrit qu’elle pouvait dicter sa volonté aux autres et cela faisait peur. Plus personne n’osa croiser son regard dans les rues du village mais personne n’osa non plus contester sa présence, craignant la doyenne.
Adolescente, elle se réfugia dans un monde enfantin, peuplé de poupées, de chant et de danse.

Un soir, Aliénor du rester dormir chez sa marraine. Sa mère n’avait même pas daigné venir la chercher le soir. Elles profitèrent toutes deux de cette nuit là pour parler et méditer. L’ancienne n’était vraiment pas commode. Un cœur asséché par l’expérience et les années, un caractère trempé dans l’acier, une personnalité indomptable que nul homme n’avait su bravée. Mais avec la fillette, elle était tout autre. Ne s’étant jamais mariée, elle était en quelque sorte l’enfant qu’elle n’avait jamais eu. Au petit matin, Aliénor entra dans la chambre de la vieille. Il était déjà tard et le petit déjeuner refroidissait sur la table. Pour la première fois, La petite utilisa son don sur la vieille femme. « Réveille toi. Réveille toi !!! » Mais aussi puissante était il, son don ne parvenait pas a réveiller les morts.
Depuis, Aliénor resta plus seule encore. Elle était devenue maudite aux yeux de tous, celle qui tua l’oracle du village, le démon. Elle était crainte au point que personne ne chercha à se débarrasser d’elle et de sa mère, même si la sorcière n’était plus. Son seul soutient fut alors l’image idéalisée de sa mère et sa volonté de vouloir surpasser Aliénor, elle, qui était devenue son héritière.
Elle vécu des fruits du jardin de la vieille femme chez qui elle avait élu domicile, et continua ses études mystiques dans les livres et manuscrits, mais bien vite, sa soif de connaissance eu raison de la maigre bibliothèque de l’ancienne oracle.
A 15 ans, elle parti seule dans les villes aux alentours a la recherche de nouvelles informations. Elle espéra que sa mère réagirait mais il n’en fut rien. Elle était bien trop saoule pour faire quoi que ce soit.
Son don lui ouvrit les portes de bien des endroits. Elle était foncièrement bonne et honnête. Elle n’aimait pas s’en servir mais elle n’avait guère le choix. Elle se fit loger gratuitement dans une auberge, n’ayant pas d’argent, mais proposa son aide en échange. Elle eut accès aux grands manuscrits de magie de la région. Elle pu s’entretenir avec les grands mages de la ville…
Elle était ravie de ces nouvelles trouvailles mais quelque chose la perturbait. Elle se sentait suivie depuis quelques temps, surtout la nuit. Elle aimait l’obscurité et la lueur apaisante de la Lune, et plus d’une fois, elle aperçut une silhouette masculine dissimulée dans les ombres.
Ce n’est qu’un soir, après le couché du soleil, dans une bibliothèque, qu’elle surprit un homme qui la regardait caché dans un coin sombre de la pièce. Sa peau était pale et ses cheveux étaient d’un noir de geai. Elle s’adressa à lui avec douceur, comme à son habitude. « Est-ce vous qui me suivez depuis tout ce temps ? » Il sembla déconcerté par une telle question. « Biensur que non ! Je ne suis pas du genre à traquer les jeunes demoiselles… » Puis, il lui demanda ce qu’elle lisait, seule, à une heure aussi tardive dans cette bibliothèque déserte. C’est ainsi qu’ils bavardèrent un long moment. Cela fut bien la première fois depuis longtemps qu’Aliénor parlait avec quelqu’un. Son nom était Gabriel. Il était mystérieux mais son sourire dégageait une sincère douceur. Et c’est avec regret qu’elle le vit partir dans la nuit étoilée.
Elle ne le revit pas et ne su recueillir aucune information concernant le mystérieux jeune homme aux cheveux d’ébène.

Les jours passèrent, mais le souvenir de Gabriel hanta la mémoire d’Aliénor. Elle se décida à rentrer au village pour quelque temps. Dans la forêt bordant le village, elle cueillit quelques fleurs pour sa mere. Mais à chaque fois qu’elle voyait une fleur qui lui plaisait, elle en remarquait une plus belle encore quelques mètres plus loin, si bien qu’elle se retrouva bien vite égarée. Une fois arrivée dans une clairière, un homme, dissimulé dans les hombres de la nuit, l’interpella. « Viens, petite ! » La candide Aliénor s’approcha sans inquiétude, avec un doux sourire aux lèvres. L’inconnu fonça sur elle et avec brutalité, la poignarda avec un couteau de chasse et la jeta au sol. Un regard chargé de folie, l’homme lui arracha ses vêtements. La malheureuse se débattit mais l’homme était bien trop fort. Elle avait trop peur pour lui « ordonner » d’arrêter. La douleur et la peur étaient insupportables et ses forces l’abandonnèrent. Elle ne parvenait plus qu’à fixer la lueur de la lune au dessus d’elle et à penser a sa mère.
Gabriel surgit du néant et se jeta sur l’être immonde. Il le mordit à la gorge jusqu'à ce que l’agresseur de la jeune fille n’émette plus aucun signe de vie. Puis, il se tourna vers Aliénor allongée au sol. Le ténébreux posa un genou a terre et l’examina un instant. Elle était mourante et allait s’éteindre d’ici peu. Il l’a prit dans ses bras. Cet étreinte, même froide, fut d’une infinie douceur, pour celle qui n’avait jamais connu la tendresse d’un homme. Il vint lui murmurer avec une réelle douleur « pardonne moi d’avoir tardé » Deux crocs vinrent à la rencontre de sa chair meurtrie. Elle poussa qu’un léger cri de surprise laissant place à un certain plaisir. Le vampire bu jusqu'à ce que la demoiselle en perde conscience puis rempli sa bouche de son propre sang en mordant son poignet. Dans un rouge baiser, il fit couler le sombre nectar dans la gorge de la jeune femme.
Aliénor se réveilla un long moment après ce terrible événement. Elle se sentait si bien, si libre. Tout cela ne devait être qu’un mauvais rêve, mais la présence de l’étrange homme de la bibliothèque fit s’évaporer ses espoirs. Elle chercha son agresseur des yeux, non par crainte qu’il s’en prenne de nouveau a eux mais pour savoir s’il allait bien. Elle poussa un cri d’effroi devant sa dépouille inerte. Gabriel tenta de la calmer mais elle ne voulu rien comprendre. Elle avait bien trop peur. « Tu n’as plus de raison de craindre la haine des humains » essaya-t-il de lui faire comprendre. « Tu vas pouvoir connaître ta nouvelle famille »
Elle se dégagea de son étreinte, ne réalisent pas les énormes changements que sons corps venait de subir. Sa véritable famille, c’était sa mère. Elle ne voulu qu’une chose à cet instant précis, la retrouver. Gabriel ne fut guère emballer a cette idée mais c’était peut être la seule chose à faire pour qu’elle comprenne. Il la suivi jusqu’au village qu’elle retrouva vite, maintenant qu’elle disposait d’un nouvel instinct.
A son grand désespoir, ce n’est pas une mère rassurée d’avoir retrouvé son enfant qu’elle trouva à son arrivée mais une femme horrifiée devant le monstre qu’elle était devenue, ainsi qu’une horde de villageois bien déterminés à l’envoyer en enfer. Malgré les appels de la jeune vampire, tendant à sa mère bien aimée le bouquet qu’elle avait eu tant de mal à avoir, la horde en colère fonça sur elle. Les yeux débordant de larmes de sang, elle laissa s’échapper sa colère. Trahie, tous l’avaient trahie et abandonnée…même celle qu’elle estimait tant. Un cri perçant se fit entendre et en une fraction de seconde, le village et ses habitants disparurent en poussières laissant derrière eux qu’une vaste plaine fumante.
Gabriel vint vers elle pour la réconforter. « Tu n’es plus des leurs. Viens avec moi. Tu n’as plus ta place en ce monde. »

Tout en marchant sous la lueur de la lune, Gabriel essaya de lui expliquer ce qu’elle était à présent mais la folie venait d’avoir raison d’elle. « A nouveau, Mère m’a donné la vie…Maman… » mais elle parlait de l’astre au dessus d’eux.
Gabriel était l’un des nombreux vampires chargés de surveiller la famille Campbell. Ils chargés de prendre les aînés, les destinant à devenir des goules obéissantes au service de leur clan. Gladys disparu durant des années après sa fuite de la maison familiale. Cependant, ils finirent par retrouver sa descendante et Gabriel fut chargé de la mettre sous surveillance. Son devoir était alors d’en faire une goule si ses compétences en étaient dignes. Dans le cas contraire, il devait la supprimer. Le clan refusait de laisser vivre une nouvelle branche de la famille Campbell.
Sa mission fut un échec cuisant. Les événements le conduisirent a commettre le pire des crimes pour un vampire sorcier : transformer un humain sans avoir l’aval des Ancien du clan. Il ne pouvait se résoudre à la voir mourir sous ses yeux d’une façon aussi misérable même s’il venait de la condamner à une mort plus effroyable.
Des mois durant, le couple se cacha du reste du clan. Aliénor, malgré sa folie naissante, apprit à se nourrir du sang des humains, à se cacher le jour. Elle était heureuse malgré la peur d’être trouvée. Gabriel était devenu sa nouvelle famille, lui qui la considérait comme sa fille.
Une nuit, le clan les retrouva. Gabriel devait périr pour avoir violer leurs lois et avoir échouer sa mission. Il défendit sa protégée jusqu’à son dernier souffle mais, plus nombreux, les membres du clan les enfermèrent chacun de leur coté.
La tradition voulu que le vampire qu’il avait engendré périsse avec Gabriel. Il ne pouvait pas laisser faire cela. Elle n’y était pour rien. Il était le seul fautif dans cette histoire. Lors de son procès, il plaida du mieux qu’il pu pour la sauvegarde d’Aliénor. Elle serait une pièce maîtresse pour le clan compte tenu des ses énormes capacités. Cela était indéniable et ses compagnons ne pouvaient pas ne pas prendre la chose en compte. Le jury délibéra 7 jours durant. Les lois étaient les lois et pourtant… Le verdict fut cruel. Aliénor fut sauvée mais pas Gabriel.
C’est dans la souffrance qu’entra Aliénor dans le clan des vampires tremere.