♠[Maison de Tolérance]Les Folles Nuits de Paris[Feeple²]P.5♠

Nombre de messages : 167 Date d'inscription : 03/01/2018

Coup de coeur pour la photo numéro 5.
Je m explique : sur la plupart des autres photos elle est bien dans son rôle d ange déchu malgré elle.
Sur ce portrait j ai une impression de défi, je n arrive pas à m apitoyer sur son sort , ce perso est tellement pleines de ressources , ce regard flamboyant , le cardinal et les autres ne devraient pas trop jouer avec cette demoiselle.
Au risque de se brûler.

Elle est magnifique, ça c'est clair... admiration

Et puis l'univers dans lequel elle évolue me plaît beaucoup. Les photos accompagnent très bien le texte et vice versa !

Dieu qu'elle a du caractère cette poupette. :') Il me semble que tu n'en es pas à ta première sulfureuse rouquine, mais celle là mazette qu'elle est belle. Et j'adore son histoire que j'ai pris plaisir à lire (tu écris bien !)... les personnages-prostitués sont plutôt courants, mais rarement bien rendus.
Les photos sont magnifiques comme d'habitude, et je suis content que tu en ais mis à foison à chaque fois. :p

Nombre de messages : 1007 Localisation : 49 Date d'inscription : 24/04/2012

Je reste toujours facinée par le regard de tes dolls! amour

Dernière édition par Ladicius le Mer 24 Jan 2018 - 22:13, édité 1 fois

Réponse aux commentaires :

Spoiler:

~ La langueur de l'Aube ~

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Je sais que prend fin la nuit, pas lorsque le soleil se lève pour de bon ; mais quand je sens l'aube poindre, ces moments de grâce où le temps se fige, même dans la cité tentaculaire, ces moments où le monde hésite entre deux manteaux, celui de la nuit, ou celui de la vie.
Je sais que prend fin la nuit, lorsque le chant de Paris s'estompe, lorsque les hurleurs et les fêtards disparaissent dans le lointain, avalés par le pavé qu'ils ont battu toutes ces heures durant, leur souvenir s'effaçant dès que le petit jour les engloutit. Je sais que s'achève ma nuit de travail lorsque, par les hautes fenêtres, je vois l'allumeur de réverbère qui passe, éteignant les fragiles flammes qu'il a fait naître au crépuscule de la veille, qui marquaient alors le commencement de la nuit, une de plus. Avec le temps, l'homme a surpris mon manège, et nous nous croisons du regard, chaque matin avant l'aube, en cet instant suspendu, où nous ne sommes plus que deux êtres fatigués, fourbus, qui n'aspirent qu'à mourir quelques heures dans le sommeil. En cet instant, lui n'est qu'un homme, et moi qu'une femme ; et non pas deux sortes de miséreux, chacun enviant les chaînes de l'autre.
Lorsque ce rituel-ci est terminé, je ferme la fenêtre qui laissait s'échapper les miasmes outranciers, les volutes lourdes et alanguies, capiteuses, de la nuit, et je prends enfin congé, saluant les derniers messieurs qui s'attardent toujours, et sentant enfin glisser mon masque de naïade hautaine alors que je passe la porte des artistes. Je quitte la lumière, la scène ou je me vends chaque soir, pour le chemin des combles, bien moins décrépis et exsudant la misère que ceux de tant d'autres maisons, mais qui choqueraient le moindre de ces messieurs, qui nous imaginent probablement dormant dans la soie, vautrées dans la même opulence que les parties publiques que la maison offrent à leurs yeux indiscrets. Eh bien, c'est faux ; dorures, ornements, stucs délicats ne sont réservés qu'au jeu ; et nous, leurs belles marquises, nous vivons dans les combles, sous les toits, comme des petits rats.
D'un pas lent, je rejoins le dortoir, pièce tout en longueur épousant la forme du toit, toujours plongé dans une demi-pénombre, où se trouvent déjà Marie-pas-des-Anges, Margot-deux-coups et Tototte, qui envoient voler en l'air le peu de vêtements qu'elles portaient sans plus se soucier des convenances, effaçant le fard et le rouge des lèvres, dénouant leurs cheveux et se chamaillant comme des gamines. Mais Tototte pleure ; Marie la rabroue, lui disant qu'elle a le cœur trop sensible - aussi gros que tu es grasse, ma pauvre chérie, ajoute-t-elle même. Tototte pleure de plus belle ; Margot la console depuis le bidet, où elle se lave avec une précision quasi-chirurgicale. Passant entre les lits séparés par de maigres paravents, contournant affaires éparpillées, seaux, boîtes de fards et brosses ternies, ma traîne de soie glissant doucement sur le plancher usé qui craque sous mes pas, je les salue, et prend un instant Tototte dans mes bras, son corps adorablement dodu tressautant contre le mien, et me faisant partager la seule chaleur humaine à laquelle j'aspire encore ce soir. Nos câlineries sont interrompues par Marie, qui me lance un "combien ?", l’œil farouche.
Je soupire et m'affale sur mon lit, arrêtant de lutter contre la langueur qui me prend à chaque fois que survient l'aube, alors que mon corps crie grâce. Marie insiste, et je lui retourne une œillade noire ; elle et Margot ont les dents longues, et mènent une compétition permanente. Elles n'ont pas encore compris que, ici, il vaut mieux garder les hommes plutôt que les accumuler ; un homme que l'on s'attache vaut bien plus que deux hommes qui ne reviennent pas.

- Trois. Le Duc, le notaire, et le cousin du Baron.

- Pfeuh ! Le Duc ne compte pas. Un morceau de bois pourri sera toujours plus vert que lui. Tout ce qu'il fait, c'est regarder. Et parler, parler, parler. Il m'endormirait !

- Endors-toi avec un miché, et t'vas voir la branlée que te collera Saint-Jean ! glousse Margot, depuis son bidet.

Marie lui adresse un geste grossier, et reprend son effeuillage, avant de se glisser dans une chemise de nuit presque digne d'une nonne. Encore quelque chose que les clients n'imaginent pas ; pour eux, nous dormons nues sur des pétales de rose, ou pas loin. Je le sais ; ils me l'ont dit.
Tototte s'approche, l'oeil encore humide, sa généreuse poitrine laiteuse tressautant encore sous ses petits hoquets.

- Le c-c-cousin du B-b-aron ? Mais il va m-m-mal - hic ! - le prendre, le Baron ! Il est f-f-ou de toi !

Dans son coin, Marie marmonne que ça, oui, il est fou, et je lui lance mon oreiller pour la faire taire, tandis que Margot s'étouffe de rire.

- Je sais. Mais je sais aussi que le Baron a l'instinct de compétition. Il va vouloir enchérir contre son cousin. Les hommes sont comme ça.

- M-m-mais tu disais que tu n'aimais pas te servir du Baron comme ça ? Même que - hic ! - tu as eu des mots avec Saint-Jean ?

J'ai un vague mouvement d'épaule, tant pour faire glisser ma fine bretelle que pour marquer mon peu d'intérêt.

- Il s'accroche alors que je lui ai fait comprendre que c'était sans espoir. Il ne pourra jamais rembourser intégralement ma dette et me sortir de là, mais il s'obstine. J'ai parlé à sa tête et à son coeur, et les deux sont idiots.

- Bien dit ! beugle Diablesse, qui vient de faire irruption dans le dortoir, envoyant voler chaussures et gants. Tous des faquins finis ! Margot, vire de là, c'est mon tour !

Je soupire et roule sur le dos, tandis qu'a lieu un second rituel, une énième bagarre des filles pour des motifs futiles. Même au paradis, elles trouveraient à redire et à se battre comme des chiffonnières. Mais je ne peux leur en vouloir ; elles exhalent enfin le souffle, la colère accumulés durant la nuit, redevenant elles-même avant de se perdre dans le sommeil. Du coin de l’œil, j'observe Tototte, qui me lance des œillades un peu craintives. Sans doute mes derniers mots l'ont-ils choquée, elle, l'incurable romantique qui ne rêve que d'amoureux transis comme le Baron. Pauvre gosse. Elle apprendra... Comme nous apprenons toutes, tôt ou tard.

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C'est magnifique, les photos, le texte, tout, on est bien en immersion ! La suite, La suite, ... Very Happy

Ces photos en N/B sont merveilleuses, je trouve que ça va tellement bien avec ce texte d'une autre époque ! Tu écris bien, j'ai hâte de lire la suite^^ J'aime beaucoup le côté "coulisses" de cette Maison de Tolérance... Moins rose mais tellement plus vrai !

j'adore. le ton est juste. il y a un peu d'argomuche (argot) dans le phrasé des filles on s'y croirait.

Nombre de messages : 2452 Localisation : Dijon Date d'inscription : 01/11/2009

Au premier tour, j'avais surtout fait attention aux images, je pensais que le texte était repris... Rolling Eyes

. Mais là j'ai fait l'inverse, tu as un superbe talent de plume, Ladicius, et l'écriture bien illustrée, quoi de mieux?! Bravo Madame ♠[Maison de Tolérance]Les Folles Nuits de Paris[Feeple²]P.5♠ - Page 3 107660253

♠[Maison de Tolérance]Les Folles Nuits de Paris[Feeple²]P.5♠ - Page 3 107660253

vas tu le faire éditer ?

Nombre de messages : 167 Date d'inscription : 03/01/2018

J apprécie l harmonie des couleurs de la photo.
Et le décolleté de la belle sur la photo noir et blanc du dessus et juste très réaliste.
Plus je regarde cette dame plus je m attend à voir surgir un lion de l image ... Peut être à cause du texte si poétique et douceureux malgré toute la douleur en profondeur.

Gniiiih j'adore ! Tu réussis vraiment à mêler l'aspect "sinistre" et "amusant" de ce genre de...d'occupation ? Mr.Red

Puis j'adore les dialogues. Tu nous plonges vraiment dans l'univers, on revient immédiatement à cette époque, sans difficulté, j'étais vraiment avec elle, dans les combles, à les observer s'écharper ! C'est beau, élégant et tellement bien écrit. Ce qui est délicat avec ce genre d'écrit, c'est que parfois on se perd dans des fioritures et au final on perd également le sens de la phrase...

Mais là..j'en ronronne =w= Puis les photos, elle semble vraiment harassée par la tâche. J'ai une préférence pour celle en couleur, les nuances me plaisent ❤

ps > heum on peut dire que la carte est pleine au bout de 12 commentaires sur le même topic ? Puis on redémarre une nouvelle carte Mr.Red

~~(han comment j'abuse)~~

Photos merveilleuses et texte fantastique!!!! amour

Tu as un talent fou!!!!!! J'espère que tu en feras un roman illustré, je pense à la collection Métamorphose des éditions Soleil par exemple qui édite de très beaux livres...

Invité

Tout est parfait, c'est vraiment magnifique ! amour

Je suis jamais hyper constructive dans mes commentaires alors... Encore de très jolies photos, j'aime surtout celles qui paraissent un peu vieillies !
Et j'apprécie toujours autant tes textes, que je trouve si bien écrits.

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